Tous les jours du 23/04/2024 au 21/03/2025 - Entrée libre.
Galerie de l'hôtel Atrium, 1 rue Émile Fassin, 13200 Arles
En 1975 la Chine vit ses dernières années Mao et la fin de la révolution culturelle pilotée par la « bande des quatre ». Le pays va bientôt atteindre le milliard d’habitants mais n’a pas encore ouvert ses frontières. On ne peut s’y rendre que pour des raisons professionnelles ou par sympathie.
A ce moment, Etienne Renzo répond à ces deux conditions. Jeune photographe correspondant du nouveau journal «Libération» à Marseille, créé par la gauche prolétarienne et les maos, il est sollicité pour accompagner et documenter le voyage en Chine Populaire d’un groupe de médecins étudiant l’anesthésie par acupuncture.
Récemment Etienne Renzo a retrouvé près de deux cent clichés de ce voyage qui n’ont jamais été ni tirés ni montrés. Il en a fait une première sélection en précisant: «C’était l’époque des frontières fermées, le régime maoïste imposant un contrôle très strict des entrants, et une surveillance particulière des photographies non autorisées... J’y ai visité bien entendu de nombreux hôpitaux, et l’opportunité étant là, j’ai pu me déplacer assez simplement dans les quartiers des métropoles et m’aventurer au-delà des itinéraires conventionnels, explorant la ruralité profonde et ses villages reculés».
Cette série nous replonge dans la vraie vie chinoise. La Chine des vélos et des rues sans voitures. Celle des ateliers, des fumées d’usines, des écoles et des appartements ouvriers. Elle montre aussi les temples et une muraille de Chine encore vides de touristes. Ainsi que les pratiques traditionnelles de l’acupuncture et du Qi-gong qui reviennent progressivement dans les hôpitaux et dans les parcs après avoir été pourchassées.
Pour Etienne Renzo, montrer ces images aujourd’hui revient à ouvrir une capsule temporelle pour se reconnecter à un monde disparu. Il nous invite à un voyage transhistorique à travers le temps d’une Chine éternelle et paradoxale bousculée par les aléas de l’histoire qu’elle vient de traverser.
Mais ces photographies sont à la fois historiques et contemporaines. Car elles décrivent un moment intermédiaire où le monde global, et la Chine en particulier qui commence à s’industrialiser, n’ont pas encore totalement viré dans un capitalisme effréné qui va faire basculer la planète entière dans une nouvelle ère sans retour.
Pour autant Etienne Renzo n’appuie pas trop où cela fait mal. C’est pourquoi ses images sont belles et précieuses. Elles ont une charge et une énergétique particulière. Elles offrent un contrepoint à des réalités historique et quotidiennes souvent dramatiques, à travers l’humanité compassionnelle du regard qu’elles portent sur les êtres et leur environnement.
Des photographies qui soignent en quelque sorte. Comme des antidotes. A l’image de points d’acupuncture qui rétablissent de la fluidité entre des cultures et des temporalités que l’on oppose encore trop souvent aujourd’hui. Ou que l’on oublie. Et sur lesquelles il faudra bien revenir.
La première exposition «1975, Retours de Chine», a pu être réalisée grâce à l’invitation de Optim’art et de Thierry Maindrault qui en assure le commissariat à la galerie de l’Hôtel Atrium à Arles d’avril 2024 à avril 2025.
Images présentées